Moby-Dick / Herman Melville

Envie d’ajouter 150 mots à votre vocabulaire, tout en vous lançant dans l’aventure mouvementée de la chasse à la baleine ? Lisez donc «Moby-Dick». Un récit qui saura vous charmer par son écriture d’une qualité indéniable, mais peut-être moins par son contenu.

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Affiche du Karpeles Manuscript Museum avec extrait de « Moby-Dick »


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Ismaël, jeune homme cultivé, mais sans attaches, s’embarque sur le Péquod, un baleinier. Avant de monter à bord, il se lie d’amitié avec Queequeg, un harponneur cannibale. Une fois l’ancre levée, Ismaël découvre Achab, le ténébreux capitaine du navire et sa quête vengeresse contre le cachalot blanc qui lui a emporté une jambe: Moby-Dick.

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Mât de misaine, gaillard, cacatois, perroquet, rocambeau, etc. Quand on commence à lire «Moby-Dick» d’Herman Melville sortir son dictionnaire pour comprendre un minimum le jargon maritime est fortement recommandé (c’est dans ces moments-là que vous adorez votre liseuse et son dictionnaire intégré). Mais, ces quelques petits efforts valent bien la peine, puisque l’on ressort plus instruit de cette lecture, car personnellement j’ignorais tout ce qui touchait aux baleiniers, à la chasse au cachalot, au commerce de l’huile et du spermaceti durant le 19ème siècle.

Le niveau d’écriture de «Moby-Dick» atteint souvent des sommets de poésie et Melville fait preuve d’un lyrisme déchaîné quand il parle du ciel et de l’océan:

«Ici et là, dans les hauteurs, glissaient les ailes blanches de menus oiseaux immaculés, tendre pensées de ce ciel féminin; dans l’abîme bleu et sans fonds s’agitaient de puissants léviathans, des espadons et des requins, pensées vigoureuses, inquiètes, meurtrières du viril Océan».

et également quand il décrit avec minutie et justesse ses personnages, comme ici le capitaine Achab durant ses apparitions matinales:

«Tandis que sa jambe vivante éveillait sur le pont des échos de la vie, chaque coup de sa jambe morte clouait un cercueil. C’est sur la vie et sur la mort que marchait ce vieil homme».

En plus d’un style de haut vol, Melville présente au lecteur un livre aux thèmes nombreux et universels. L’affrontement entre Achab et le cachalot blanc représente la lutte classique entre le bien et le mal, sauf que, dans ce cas précis, chaque protagoniste représente le mal pour l’autre. Le capitaine Achab voit dans Moby-Dick plus que l’animal qui l’a blessé. Il est l’incarnation du mal qui se dresse devant tout homme et Achab pense avoir pour mission de le détruire. Cependant, l’auteur, à travers la voix du narrateur, montre que le mal n’est pas dans cette baleine, qui ne fait que se défendre contre les hommes qui l’attaquent, mais dans la vengeance folle du capitaine qui, pour arriver à son but, va tout risquer sans aucuns scrupules pour la vie de son équipage.

On trouve aussi dans le livre d’Herman Melville un thème classique de la littérature américaine: le voyageur solitaire fuyant la société qu’il considère comme mauvaise ou corrompue  (Ici, Ismaël) et les grands espaces (ici, l’océan). On retrouvera également dans le récit un personnage traditionnel de «bon sauvage»: Queequeg, le harponneur cannibale, païen et recouvert de tatouages. Ismaël sera d’abord terrifié par cet homme hors du commun, car le jeune homme est totalement pétri de préjugés envers les sauvages. Avec le temps, il se rend compte que Queequeg est un homme affectueux (malgré son cannibalisme (!)), souvent mieux éduqué que la plupart des personnes «civilisées».

Alors, pourquoi me suis-je terriblement ennuyée ? Tout d’abord, «Moby-Dick» est un livre particulièrement long et surtout avec peu d’action. Effectivement, Melville, à travers la voix d’Ismaël, explique absolument tout ce qui touche à la chasse à la baleine et ce, dans les moindres détails (plusieurs chapitres sont consacrés à l’anatomie de la baleine ou à l’origine du nom «baleine», par exemple). Donc, ce qui est plutôt intéressant au début devient extrêmement lassant et je l’avoue, j’ai sauté de nombreux chapitres, car je n’en pouvais plus. De plus, le récit de Melville semble promettre de l’épique et de l’aventure, mais, en fait, il y a très peu de chapitres où l’action est débordante, car on passe un très long moment à terre au début du livre et Moby-Dick n’apparaît que dans trois chapitres sur 135. Le livre, malgré un très beau style, a également un ton légèrement biblique (renforcé par le rappel incessant de la lutte entre le bien et le mal et par le rappel de l’histoire biblique de Jonas, avalé par une baleine) qui finit vraiment par lasser.

En résumé, dure situation que d’être face à une oeuvre très bien écrite, mais qui nous ennuie prodigieusement. Je recommande tout de même la lecture de l’oeuvre pour la découverte de cette histoire mythique.

«Moby-Dick» (1851), Herman Melville, disponible dans toutes les éditions possibles et imaginables et gratuitement sous forme de e-book (oeuvre tombée dans le domaine public).

5 réflexions sur “Moby-Dick / Herman Melville

  1. C’est un livre que j’ai l’intention de lire…un jour. Je pensais meme le lire en anglais mais en lisant ta revue, je vais me raviser lol parce que si deja il faut le dictionnaire pour la version francaise, je n’imagine meme pas en langue originale! A voir. Oui c’est un classique, il faudrait le lire mais il faut de la motivation!

    1. J’ai aussi envisagé de le lire en anglais car je l’avais téléchargé dans les 2 langues, mais je me suis vite ravisée en voyant le vocabulaire, pourtant je lis souvent et volontiers en anglais, mais là c’était too much…

      1. Oui voila, en lisant ta revue je me suis ravisee aussi. Lire en anglais c’est bien mais on a nos limites! 😉

  2. j’ai eu beaucoup de mal avec cette lecture (et pourtant j’avais une version jeunesse raccourcie!), que ce soit le style ou le thème, vraiment je n’ai pas accroché :/

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