Ainsi soit-elle / Benoîte Groult

Découverte d’un classique français de la littérature féministe: court, intelligent, drôle et efficace!

ainisoitelle.png

2

Cet essai est le récit d’une conversion. Celle d’une femme de son époque qui devient féministe. D’une écrivaine qui va devenir la témoin des bouleversements sociaux de mai 68. Benoîte Groult livre un essai documenté, mais non dépourvu d’un humour piquant, pour appeler les femmes à la conscience et à la solidarité.

1

«Ainsi soit-elle» de Benoîte Groult est un classique du féminisme français. Publié en 1975, dans l’élan des changements sociétaux amenés par la révolte soixante-huitarde, il reste étonnamment et malheureusement d’actualité, à l’exception de quelques références datées à des personnages publics. Pour une jeune femme comme moi, il est difficile de réprimer des frissons d’horreur en entendant cette citation d’un ministre de la justice qui, en 1973, dit que la femme n’obtient la dignité que par son mariage.

«Ainsi soit-elle» est un essai court, très facile à lire et parfois franchement drôle, car Benoîte Groult n’a pas sa langue dans sa poche. Elle aime notamment rappeler vivement les contradictions de ceux qui s’opposent aux féministes, notamment en les traitant de mal-baisées. Ce qui est cocasse, vu que ceux qui insultent sont aussi ceux qui baisent…Il est difficile de résumer le contenu de cet essai tant les sujets abordés sont nombreux, sous la forme d’une grande conversation. Mais je peux vous offrir quelques magnifiques citations:

«Il faut enfin guérir d’être femme. Non pas d’être née femme mais d’avoir été élevée femme dans un univers d’hommes, d’avoir vécu chaque étape et chaque acte de notre vie avec les yeux des hommes et les critères des hommes. »

«Le féminisme ne se résume pas  à une revendication de justice, parfois rageuse, ni à telle ou telle manifestation scandaleuse; c’est aussi la promesse, ou du moins l’espoir, d’un monde différent et qui pourrait être meilleur. On n’en parle jamais.»

Un des thèmes m’a particulièrement touchée, car je n’y avais jamais réfléchi jusqu’à maintenant: l’impossibilité pendant de nombreuses années pour les femmes d’avoir du temps entre elles et pour elles. La possibilité de se réunir pour rire, pour s’amuser, pour ne rien faire d’utile a longtemps été limitée, voire inexistante. Au contraire des hommes qui ont toujours pu se réunir entre eux dans les cafés, à l’armée, à la pêche, à la chasse, etc. C’est terrible, car empêcher des personnes de se réunir est le meilleur moyen de les affaiblir.

«Si les femmes demeurent aujourd’hui la survivance la plus massive de l’asservissement humain, c’est qu’il reste facile, donc tentant, d’exploiter chacune d’elles séparément.»

J’ai alors repensé à ma situation, à ces femmes qui sont dans ma vie, et dont je ne me doutais pas qu’elles m’apportaient la liberté, en plus de la joie de vivre.

En résumé, un petit essai lisible par toutes et tous qui est également un bon premier contact avec la littérature féministe pour les débutant-e-s.

Benoîte Groult, «Ainsi soit-elle», notamment chez Grasset et Le Livre de Poche, 1975.

6 réflexions sur “Ainsi soit-elle / Benoîte Groult

    1. Tu es la 2ème personne qui me dit qu’elle adore Benoite Groult et qui me conseille un autre de ses livres, alors que moi je ne la connaissais pas du tout il y a quelques mois. Mais je vais surement en lire d’autre!

  1. Je me souviens avoir lu un ou deux romans de cette romancière et c’est vrai qu’elle a un humour qui pique 😉
    Dans les années 60 en France, comme en Suisse d’ailleurs, la femme devait « avoir l’autorisation de son mari ou père » ! pour avoir le droit de travailler ou dépenser 200 fr pour acheter de l’électroménager !!

Laisser un commentaire