Just Eat It: How Intuitive Eating Can Help You Get Your Sh*t Together Around Food / Laura Thomas

Avez-vous déjà fait un régime ? Vous arrive-t-il de culpabiliser après un repas ? Considérez-vous que certains aliments sont bons et d’autres mauvais ? Vous interdisez-vous certaines nourritures ? Faites-vous du sport pour éliminer des calories ? Grâce à cet ouvrage libérateur, Laura Thomas, nutritionniste, vous aide à comprendre votre relation avec la nourriture et à abandonner toutes les règles contraignantes et erronées qui y sont associées. Docteure en sciences de la nutrition, elle pratique l’alimentation intuitive, une méthode scientifiquement prouvée qui associe des techniques simples pour permettre de retrouver puis d’écouter les sensations naturelles de faim et de satiété, à l’image d’un bébé qui mange lorsqu’il a faim et cesse lorsqu’il est rassasié.

Cela faisait un moment que je souhaitais lire un livre concernant l’alimentation intuitive et j’ai jeté mon dévolu sur celui de Laura Thomas qui avait l’air d’avoir un ton plutôt irrévérencieux. Et j’ai bien fait, même si toutes les parties ne m’ont pas autant intéressées.

«Just Eat It» ou «Mangez comme vous aimez» en français est un hybride entre un essai sur la culture des régimes, un manuel sur l’alimentation intuitive et un livre de développement personnel. L’autrice commence par montrer à quel point notre rapport à l’alimentation s’est complètement déréglé. L’action de manger, qui est censée être aussi naturelle et simple que de respirer, a été bouleversée par des décennies de règles fantaisistes et d’injonctions. Il y a tout d’abord la culture des régimes qui affecte particulièrement les femmes. Cette culture imposée notamment par la presse féminine, et maintenant les réseaux sociaux, nous a fait gober avec succès plusieurs éléments: 1. Vous n’avez de valeur que si vous êtes mince et correspondez à un idéal de beauté très restreint. 2. Si vous ne correspondez pas à cet idéal, c’est que vous êtes une personne faible et sans volonté. Cette idéologie des régimes repose sur une grossophobie décomplexée, une ignorance totale des connaissances actuelles en nutrition et, en ce qui concerne particulièrement les femmes, une façon de les mettre au pas en les rendant insécures et obsédées par leur alimentation.

Depuis plusieurs années, on sait que les régimes sont inutiles puisqu’ils ne permettent que de perdre du poids à court terme et favorisent la reprise de poids sur le long terme et donc, au final, le surpoids. Pour résumé, à la fin c’est toujours le corps qui gagne. Notre corps est programmé pour une chose: survivre. La survie passant par avoir assez de calories pour fonctionner. Et le corps, quand on les prive de calories, ne fait pas la différence entre un régime et une famine. Il va alors tout faire pour ne pas devoir puiser dans ses réserves. Il va, par exemple, augmenter votre sensation de faim en jouant sur les dosages d’hormones ou simplement s’économiser en abaissant votre métabolisme. La sentence est un peu décourageante, mais on peut effectivement difficilement perdre du poids au-delà du poids programmé génétiquement pour nous à moins de s’affamer en permanence ou de faire une énorme quantité de sport et ce à vie! Donc, il nous reste à accepter ce corps!

L’autrice, au lieu de parler de body positive, utilise la notion de body neutrality. D’abord, parce que le mouvement body positive est récupéré sur les réseaux sociaux par des personnes blanches répondant aux critères de beauté classiques. Mais surtout parce que, de son point de vue, il n’y a pas une nécessité d’aimer son corps. Il faut le traiter correctement, car ce corps (quel que soit ses capacités) nous permet de profiter de la vie et il faut lui en être reconnaissant en lui donnant la nourriture dont il a besoin (et envie!) pour fonctionner correctement.

L’autrice met aussi en garde contre les «modes alimentaires» qui sont, en général, un moyen pour des secteurs de l’agroalimentaire de gagner plus d’argent et des marronniers de magazines féminins. Elle rappelle que pendant longtemps on a fait la chasse au gras et que maintenant on fait la chasse aux hydrates de carbone et au sucre sans qu’il y ait de fondement scientifique derrière. Elle fait également la fête aux superfoods, aux régimes végétariens, detox, vegans, crus, sans gluten, etc. quand ces derniers ne répondent pas à un choix éthique ou une nécessité médicale, mais sont des régimes cachés sous un nom plus vendeur.

Ensuite, on trouve des aspects plutôt tournés vers la démarche mindfullness et le respect des sensations du corps. C’est une partie que j’ai trouvée un peu moins intéressante, car ce sont plutôt les aspects sociaux et scientifiques qui me parlent. Mais, si vous ne connaissez pas du tout la démarche de l’alimentation intuitive et que vous avez l’impression de ne pas être connecté avec vos sensations de faim et de satiété, c’est un excellent mode d’emploi!

La recette de Laura Thomas pour être en paix avec soi et avoir l’esprit libre pour faire des choses plus importantes que de maigrir, c’est de manger à sa faim, ce qui nous fait plaisir, avec un minimum syndical d’équilibre alimentaire. A des kilomètres des régimes à la mode avec des ingrédients exotiques, Laura Thomas rappelle qu’à partir du moment où on mange des protéines (végétales ou animales), des féculents et des légumes aux repas principaux la plupart du temps on peut difficilement se tromper et ruiner sa santé. D’ailleurs elle rappelle que l’accent mis sur la responsabilité individuelle concernant la santé est une illusion puisque notre environnement, notre statut socio-économique influence bien plus notre santé que les choix alimentaires que l’on fait.

En résumé, un livre à mettre dans absolument toutes les mains!

Laura Thomas, «Just Eat It», Éditions Bluebird, 2019.

Laura Thomas, «Mangez comme vous aimez», Éditions Larousse, 2020.  

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