[Lecture d’été] Ça aussi, ça passera / Milena Busquets

Critique d’un roman aux saveurs estivales et catalanes, malgré la mélancolie qui l’imprègne.

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Après le décès de sa mère, Blanca quitte Barcelone pour passer l’été dans la maison familiale de Cadaqués avec ses deux enfants, ses deux ex-maris et un groupe d’amis. La joyeuse troupe profite de son séjour pour s’offrir des escapades en mer, des repas au soleil et des soirées un peu trop arrosées. Malgré cette ambiance chaude et languissante, Blanca peine à profiter de ses vacances, hantée par la disparition d’une mère complexe.

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Je dois dire que le quatrième de couverture de ce roman ne me parlait pas du tout. Il sentait le déjà-vu, les classiques histoires-de-vacances-en-groupe-à-la-maison-de-campagne. Cependant, les bonnes critiques qui l’entouraient et la perspective de voyager mentalement sur la côte catalane ont fait que je me suis laissée tenter. A raison, car le roman, même s’il ne révolutionne pas le genre, est étonnamment bien écrit.

«Ça aussi, ça passera» est un roman rédigé sous la forme d’une lettre d’adieu. Une lettre d’adieu de la narratrice à une mère adorée et détestée à la fois. Une mère dont il fallait sans cesse rechercher l’assentiment. Le roman est également un message d’adieu à l’enfance et à l’adolescence. C’est le deuil d’une femme qui vivait dans l’insouciance, au jour le jour, et qui soudain, par la disparition de sa mère, perd définitivement sa place d’enfant. Et pour remédier à sa douleur, une seule solution pour Blanca, le sexe et les rencontre.

Depuis ta mort, et même avant, j’ai la sensation que je ne fais que grappiller de l’amour, me jeter avidement sur les moindres miettes que je trouve sur le chemin, comme si c’était des pépites d’or. Je suis totalement ruinée et j’ai besoin qu’on me dépouille.

«Ça aussi, ça passera» se distingue par une écriture mélancolique, poétique et élégante, parfois teintée d’un humour mordant. Je ne sais pas si le roman est autobiographique, mais il transperce de ce livre une émotion vibrante face à laquelle il est difficile de rester insensible.

En résumé, c’est un roman court et bien écrit. Une lecture d’été de qualité.

Milena Busquets, «Ça aussi, ça passera» (Titre original: También esto pasará), chez Gallimard.

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