

1953, Waipu, Nouvelle-Zélande. Maria vit dans une vieille maison délabrée et isolée. Les gens du coin la considèrent comme une vieille sorcière. Anciennement bannie par les siens, elle s’est réfugiée dans la maison de son enfance. Parmi les vestiges du passé, elle lit le journal intime de sa grand-mère, Isabella, une pionnière écossaise qui a fini sa vie à l’autre bout du monde en suivant un prêcheur. A travers ce journal, Maria explore la vie des femmes de sa famille qui va éclairer sa propre destinée.

« Le livre des secrets » est un roman qui m’a surpris. J’imaginais avoir le regard contemporain d’une femme sur l’histoire de sa famille, mais au lieu de cela, ce roman est plutôt une épopée historique et migratoire de 3 femmes concentrée dans un peu moins de 500 pages.
Le livre nous fait remonter jusqu’en 1817, lorsque Isabella, jeune écossaise émigre au Canada en compagnie d’autres pionnier.ère.s de son village et surtout sous la houlette de Norman MacLeod, surnommé « L’Homme », un prêcheur charismatique et véhément non-reconnu par l’église officielle. La vie d’Isabella va ensuite être une suite d’épreuves terribles: la faim, le froid, le viol, les fausses-couches, le veuvage, la solitude, le remariage. Des épreuves qu’Isabelle affronte telle une rebelle, ne se laissant jamais aller et suivant les pionniers jusqu’au bout du monde, c’est-à-dire la Nouvelle-Zélande. Puis c’est au tour d’Annie, la fille d’Isabella, d’être présentée. Annie, l’antithèse de sa mère, une jeune femme bigote et navrée du regard que la société porte sur sa mère qui ne respecte les conventions que de justesse.
Ces deux histoires sont entrecoupées du présent de la narratrice, Maria, petite-fille d’Isabella et fille d’Annie, qui semble bien proche de sa grand-mère. Car Maria, tombée enceinte hors mariage, va être séquestrée par sa famille dans cette maison à cause de sa situation honteuse. D’abord désespérée, elle va affronter la situation avec une morgue déconcertante, acceptant de devenir la recluse, la sorcière du village.
« Le livre des secrets » illustre, à travers la voix des personnages et des extraits de journal intime, la vie des femmes migrantes dans des communautés protestantes très austères et gouvernées par des sortes de collèges d’hommes qui suivent un prêcheur. Il montre leur lutte pour exister autrement que comme mère ou servante. A noter simplement que le début du roman peut être un peu déstabilisant, car on ne s’attend pas forcément à atterrir en Écosse dans un contexte politico-religieux inconnu, alors que le récit démarre en Nouvelle-Zélande, 150 ans plus tard.
En résumé, un roman socio-historique fort et surprenant.
Fiona Kidman « Le livre des secrets » (titre original anglais: The Book of Secrets »), chez Sabine Wespieser et Points, 2014.
Je note le titre, je pense que ça pourrait bien me plaire ^^
Ça s’annonce prometteur ! En tout cas ce post a su piquer ma curiosité !
Merci !