Comme Dieu le veut / Niccolò Ammaniti

Nord de l’Italie, de nos jours. Rino Zena et son fils Cristiano vivent ensemble dans une petite ville coincée entre des champs et une zone industrielle. Rino, chômeur alcoolique à tendance néonazi, est dans le collimateur des services sociaux qui menacent de lui retirer la garde de Cristiano. Rino aime son fils plus que tout, mais ne connaît pas d’autres moyens de l’éduquer que la violence et la terreur. Un jour, sur l’insistance de deux de ses amis, deux autres « cas sociaux », Rino décide de participer à une attaque de bancomat. Mais cette nuit-là, rien ne se passe comme prévu, puisqu’une tempête balaie la plaine et amène avec elle mort et calamités.

« Comme Dieu le veut » est le troisième roman de Niccolò Ammaniti que je lis. Après le Sud agricole et inquiétant, puis le village de Toscane sans charme, l’auteur nous emmène dans les plaines du Nord de l’Italie, entre champs et usines. Encore une fois, l’Italie de Niccolò Ammaniti ne vend pas du rêve. C’est dans ce contexte que vivent (ou survivent) Cristiano et son père, dans un appartement sale, désordonné et mal chauffé. Au quotidien, Cristiano tente de préserver les apparences, d’avoir l’air d’un ado « normal » et montre qu’il est un dur dès qu’il le peut, car c’est ce que lui a appris son père. Malgré les circonstances, tout n’est pas sombre pour Cristiano. Son père a parfois des accès de tendresse désarmants et ils passent de bons moment avec Danilo et « Quattro Formaggi », deux amis de son père, tout aussi paumés et déclassés.

Mais, une nuit de tempête va tout changer: détruire des vies, réveiller la folie et les pires instincts. Mais également tout détruire…pour donner une possibilité de reconstruire. Comme une apocalypse rédemptrice. Au final, le seul moyen de changer son destin! Une thématique qu’aborde souvent l’auteur…

Ce que je trouve fascinant dans ce roman, c’est la capacité de l’auteur à créer un lien entre le/la lecteur.ice et des personnages qui n’ont rien pour eux et que l’on devrait détester. D’ailleurs, l’auteur utilise également souvent le potentiel comique de ses personnages. Au travers de cette bande de mecs qui rivalise de brutalité, de bêtise et de vulgarité, l’auteur transmet son inquiétude par rapport à la société italienne qu’il considère comme en perte de repères et tournée vers le consumérisme. J’ai également perçu un autre thème en filigrane: l’émancipation des femmes italiennes que les hommes du roman peinent à accepter, puisqu’ils passent leur temps à les mépriser, les utiliser, les maltraiter ou les violenter.

En résumé, un roman fascinant qui monte en puissance pour essayer de trouver de l’espoir au milieu de la désolation.

Niccolò Ammaniti, « Comme Dieu le veut » (titre original italien: Come Dio commanda), chez Grasset et Le Livre de Poche, 2008.

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