

Fin du 19ème siècle, dans un petit village de la Beauce. Jean Macquart, après avoir appris la menuiserie et combattu durant la bataille de Solférino, s’installe à la campagne pour devenir ouvrier agricole. Jean, de nature plutôt franche et honnête, se retrouve pris dans l’amour brutal de la terre qui imprègne les villageois. Effectivement, à Rognes, les trois enfants de la famille Fouan, Hyacinthe, dit Jésus-Christ, Fanny et Buteau, se disputent les lopins de terre familiaux et subviennent avec une très mauvaise volonté aux besoins de leurs parents. Buteau, finit par épouser Lise, un jeune femme qu’il a mise enceinte il y a plusieurs années. Malheureusement, pour Françoise, la jeune sœur de Lise, elle va être poursuivie par les agressions quotidiennes de son beau-frère.

Si vous êtes une lectrice ou un lecteur habitué.e de Zola, vous savez que ses récits sont souvent terribles à lire, car il n’hésite pas à faire ressortir le pire de la misère et à pointer du doigt les pires côtés de l’être humain. Mais, avec « La Terre », on franchit un palier et c’est un peu le musée des horreurs! Le roman est à déconseiller aux âmes sensibles, car il accumule toute une série de violences physiques et sexuelles, met en scène la maltraitance de personnes âgées, montre une personne handicapée à la fois autrice et victime d’abus…Le tout dans une ambiance lubrique où les animaux et les humaines couchent côte à côte. Émile Zola fait ainsi un portrait de la paysannerie d’une noirceur abyssale, au point que je me suis demandée s’il était vraiment réaliste (mais je n’ai pas de réponse à cette question…).
La terre, actrice silencieuse, est pourtant au centre du roman. Elle prend des traits féminins. Elle attire, on se bat pour elle, on peut la conquérir, la fertiliser. Elle est une mère nourricière, mais elle peut aussi ne rien donner, être cruelle ou se fatiguer quand on lui en demande trop, quand on ne fait que lui prendre. Au-delà de ces considérations naturalistes sur la condition des femmes et celle de la terre, on pourrait presque percevoir quelques prémisses d’écologie.
J’ai peine à dire si j’ai apprécié ma lecture. Bien sûr, on retrouve la plume magnifique de Zola qui décrit avec minutie et vivacité l’évolution des paysages de la Beauce au fil des saisons. Mais, cela a tout de même été une épreuve de suivre ces personnages qui sont quasiment tous détestables et qui globalement s’en sortent bien. De plus, le personnage principal, Jean, qu’on peut qualifier globalement d’honnête homme (selon les critères de l’époque), s’illustre par une relative lâcheté. Et que dire de ce que va subir cette pauvre Françoise…Bref, un concentré de désespoir. Une bonne lecture pour le mois de janvier….
En résumé, un roman de Zola violemment marquant, à ne pas mettre entre toute les mains.
Le roman est disponible dans toutes les éditions possibles et imaginables, également gratuitement et légalement en format e-book.