

Théo vit entre des parents divorcés qui ne se parlent plus. Sa mère ne veut plus entendre parler de son père, alors que ce dernier sombre dans une grave dépression le rendant incapable de s’occuper correctement de son fils. Alors, Théo, qui tente de survivre dans cette atmosphère délétère, joue avec les limites en consommant de l’alcool. Il entraîne dans son sillage son ami Mathis. Hélène, la professeure des deux enfants, comprend que quelque chose ne va pas et tente de mettre le doigt dessus, quitte à aller trop loin. De son côté, Cécile, la mère de Mathis, apprécie peu que son fils fréquente Théo, mais est déjà bien préoccupée par son mari qui cache des activités peu glorieuses.

C’est la troisième fois que je me plonge dans un roman de Delphine de Vigan. Cette fois, c’est un très court roman avec pour protagonistes deux enfants et deux adultes faces à «leurs loyautés» .
J’ai vraiment apprécié le traitement du thème de la loyauté qui est une qualité ambivalente. Être loyal.e, c’est un qualificatif que l’on considère comme positif. Mais on oublie que, dirigée vers la mauvaise personne ou sans instinct de préservation de soi, la loyauté peut détruire, voire tuer. Effectivement, la capacité des enfants à pallier les incapacités de leurs parents et à les cacher est souvent sous-estimée. Tout comme, les conséquences psychologiques sur ces enfants parentifiés qui se retrouvent à gérer les problèmes que les adultes leur laissent, volontairement ou involontairement, sur les bras. Le roman interroge aussi notre capacité (droit? devoir?) à agir sur la vie d’autrui contre sa volonté quand on a l’intime conviction que ce dernier a besoin d’être secouru. Jusqu’où peut-on aller pour aider quelqu’un contre son gré ? Et si la solution, le sauvetage, était en fait pire que le problème ? Deux questions qui vont accompagner Hélène la prof et Mathis l’ami.
En termes de style, je dois avouer que je l’ai trouvé plutôt banal, notamment parce qu’il n’y avait pas de grandes différences entre l’écriture, la «voix» des différents personnages. Sans les prénoms au début de chaque chapitre, je ne suis pas sûre qu’on aurait fait la différence entre les personnages. De plus, les «cachotteries» du mari de Cécile sont un peu hors de propos ou, au contraire, trop peu exploitées dans le roman. En tout cas, le peu de développement de cet aspect laisse un goût d’inachevé qu’on retrouve dans le roman de manière générale.
En résumé, un petit roman touchant, mais qui aurait mérité beaucoup plus de développement pour aller au fond de son sujet.
Delphine de Vigan, «Les loyautés», chez JC Lattès et Le Livre de Poche, 2018.
Une réflexion sur “Les loyautés / Delphine de Vigan”