

Ohio, année 1960. Betty, jeune métisse cherokee, vit dans une petite ville rurale avec sa mère blanche, Alka, son père indigène, Landon, et ses nombreux frères et sœurs. Mais la vie est dure pour cette famille pauvre dans une ville qui déteste tout ce qui n’est pas blanc et où les femmes ne sont pas autorisées à disposer d’elles-mêmes. Mais, pour Betty, le danger, l’ennemi est aussi intime et familial car le secret et la brutalité semblent suivre le cours des générations.

Je ne pensais pas commencer l’année avec un coup de cœur, un roman dont je suis déjà quasiment sure qu’il finira dans mon top 2021. Je dirais même que cela fait un moment que je n’avais pas lu un livre m’ayant autant remuée, brusquée, mais aussi parfois émerveillée. «Betty» de Tiffany McDaniel s’inspire de l’histoire de la mère de l’autrice. Tiffany McDaniel narre la rencontre de ses grands-parents, la naissance de la fratrie et de Betty, puis l’évolution de la fillette vers l’âge adulte. Mais plus qu’un simple récit familial, «Betty» raconte les secrets malsains, la brutalité, le racisme et la pauvreté d’une famille, d’une ville, d’un pays, d’une époque. La famille de Betty est à la fois un paradis et un enfer. Paradis, entretenu par ce père cherokee, animiste, fantasque et aimant. Mais, un enfer face à une mère instable, souvent cruelle, détruite par une enfance barbare. D’ailleurs, cette barbarie ne se contentera pas de rester dans le passé et surgira dans la vie de Betty, à l’improviste dans une grange.
Je précise qu’il faut avoir le cœur bien accroché pour lire ce roman, car il aborde frontalement la problématique de l’inceste et ne ménage pas le/la lecteur.rice. Mais, le tout est adouci par de grands moments de poésie, de communion avec la nature sauvage de l’Ohio, avec les ciels étoilés qui abritent la maison de Betty.
Ce roman est également une ode aux femmes, à leur combativité et à leur résilience, à l’image de la nation cherokee qui était un peuple matriarcal. Servi par une superbe écriture, je n’arrivais pas à lâcher ce roman, à la fois si beau et si douloureux.
En résumé, un coup de cœur intégral pour ce roman profondément ancré dans la terre et dans le féminin.
Tiffany McDaniel, «Betty» (titre original anglais identique), chez les éditions Gallmeister, 2020.
Ohh magnifique article sur ce livre que j’ai tellement aimé. Tout est si bien dit… bravo à la dent dure et mon infinie admiration à l’autrice Tyffany macDaniel. Quel coup de cœur !
Oh merci beaucoup! Vous me faites un magnifique compliment!