On continue la lecture de la saga des Rougon-Macquart, avec cette fois, un roman un peu méconnu.
Hélène Mouret, fille d’Ursule Macquart et du chapelier Mouret, et son mari montent à Paris. Malheureusement, à peine arrivés, le mari décède et laisse Hélène veuve avec sa fille, Jeanne, une enfant maladive. Hélène lie alors connaissance avec ses voisins, les Deberle, une charmante femme mondaine et son mari médecin. Hélène et le docteur vont avoir un coup de foudre quasi immédiat.
«Une page d’amour» est un roman un peu à part dans les Rougon-Macquart. Plus court, plus intime, moins politique. Je dois dire que j’avais des craintes en le commençant, car les histoires centrées sur des couples m’ennuient royalement la plupart du temps. Mais, même si ce n’est pas le plus passionnant d’Émile Zola, on y trouve quelques beaux passages qui le rendent poétique.
C’est un roman qui se déroule presque en vase clos, puisqu’il se passe principalement dans deux maisons côte à côte. On y suit le quotidien d’Hélène qui élève seule sa fille souffreteuse et vit de manière quasi monacale, ne fréquentant régulièrement que deux amis, jusqu’à ce qu’elle fasse la connaissance de ses voisins, le couple Deberle.
Comme vous l’imaginez l’histoire d’amour illégitime entre le docteur Deberle et la chaste Hélène ne m’a vraiment pas passionné. D’autant plus que la conclusion de l’histoire porte un message très culpabilisant envers Hélène, puisque la vie la punira de son inconduite en lui retirant ce qu’elle aime. Ce qui n’arrivera pas à l’homme adultère (pff…).
Par contre, une des choses que j’ai aimé dans ce roman, ce sont les descriptions de Paris. Effectivement, dans «Une page d’amour», la ville reste lointaine et mystérieuse. Hélène la regarde depuis sa fenêtre, à distance à la fois fascinée et inquiète. Les descriptions de Zola sont absolument sublimes. Elles sont de magnifiques tableaux peints avec des mots qui mettent en valeur Paris à toutes les heures et par tous les temps.
En résumé, un Zola qui ne sera jamais dans «mon top 3 des Rougon-Macquart», mais dont je n’oublierai pas les descriptions des toits parisiens.
Émile Zola, «Une page d’amour», disponible dans toutes les éditions possibles et imaginables et gratuit en ebook, 1879.
Oui, c’est ce qui m’agace souvent dans ces romans. Les femmes n’y ont presque jamais le beau rôle.
Moi, j’aime bcp Zola parce que je suis passionnée par l’aspect sociologique, mais il est vrai que les femmes ont souvent le mauvais rôle. Je trouve que c’est très visible dans les romans qui tournent autour d’histoires d’amour comme celui-là ou comme La faute de l’abbé Mouret, par exemple
Oui, mais ce qui me gêne c’est l’aspect scientifique du naturalisme qui fait de tous ces caractères des caractères héréditaires. Les individus n’ont jamais aucune chance…
Effectivement, c’est le stade un peu embryonnaire de la sociologie, avec tout son côté dramatique, son côté destin. C’est clair qu’après Bourdieu ça manque un peu de subtilité 😉