Chronique de ma lecture ramenée de Paris et des rayons magiques d’une librairie féministe.
Il me fallait un dispositif, une provocation, peut-être un garde-fou pour continuer d’observer cet objet à la fois banal et étrange qu’est ma vie. L’observer en suivant de nouvelles lignes : le chemin que me propose le film «Thelma & Louise». Mon film choisi, mon film aimé, le film qui a marqué ma vie, le film qui encore aujourd’hui me fait pleurer. J’ai voulu remonter le cours du temps en m’installant dans la Thunderbird avec Thelma et Louise, pour retrouver celle que j’étais en 1991, cette jeune femme qui n’est pas si différente de la femme que je suis aujourd’hui. J’ai suivi le scénario du film à la manière de marques topographiques sur le chemin de ma propre vie : deux femmes, une voiture, un voyage, un viol, un revolver.
Ce roman est un joli souvenir ramené de Paris, plus précieusement de la librairie féministe «Violette & Co». J’ai laissé une des gérantes me conseiller un de ses coups de cœur que j’ai acheté totalement confiante. Et j’ai bien fait, car «Thelma, Louise et moi» est un livre plutôt unique. Je dirais que c’est un roman-essai (même si je ne suis pas sûre que ce terme existe vraiment). Martine Delvaux, professeure de littérature à l’université de Montréal, y analyse le film «Thelma et Louise», sa genèse, son histoire, tout en mettant en parallèle des moments de sa propre vie, passée et présente. L’autrice parle également de l’impact émotionnel du film qui a semblé avoir un effet cathartique sur elle. Effectivement, on comprend entre les lignes qu’elle a été victime d’une agression sexuelle dans sa jeunesse.
L’écriture est aussi originale que le roman puisqu’il mélange des parties informatives avec des moments qui relèvent plus de l’évocation d’émotions et de souvenirs, dans une narration qui n’est pas linéaire. Même si j’ai été déstabilisée au début, j’ai trouvé la lecture vraiment intéressante, car j’ai appris des dizaines de choses sur le film «Thelma et Louise», tout en étant touchée par le voyage intérieur que fait l’autrice. Effectivement, je ne pense pas que jusqu’ici j’avais pris la mesure du côté révolutionnaire du film de Ridley Scott. Des femmes qui répondent à la violence qu’on leur fait subir, ensemble contre le reste du monde, c’était particulièrement inédit pour l’époque (et ça reste assez rare pour la nôtre).
A noter, qu’il et préférable d’avoir vu le film avant de lire le livre de Martine Delvaux, car il en parle de manière détaillée.
En résumé, un livre à conseiller à tous.tes les féministe.s cinéphiles!
Martine Delvaux, «Thelma, Louise et moi», éditions Héliotrope, 2018.