Découverte d’un court roman autobiographique: douloureux, à vif, émouvant.
Louise est une jeune femme délicate et fragile. Obsédée par l’idée de plaire, d’être aimée et d’être conforme aux attentes des autres, de celui qu’elle aime, de son père, Louise devient accro aux amphétamines. Un jour, le cataclysme survient: son mari la quitte pour la femme de son propre père, une mannequin mangeuse d’hommes. Puis, arrive le décès de sa grand-mère qui l’a quasiment élevée. Louise sombre alors dans un trou noir de tristesse et de colère.
Je ne lis pas les magazines people. Les histoires de fesses, de mariages, de bébés et de divorces de personnes soi-disant importantes, je m’en passe bien. Et donc, lorsqu’on m’a offert le livre de Justine Lévy, ça pas suscité grand chose dans ma tête, car j’ignorais qu’elle était une «fille de», qu’elle avait été en couple avec un futur philosophe lui-même «fils de» et que son amoureux lui serait ravi par une future «femme de président». Donc, j’ai abordé le livre sans aucun préjugé et il faut reconnaître que ce roman est une bonne surprise.
«Rien de grave» est un livre difficile à reposer. Écrit dans un style très oral, simple, avec peu de ponctuation, il est comme une grande conversation avec une personne déprimée par sa rupture, autour dans verre, dans l’intimité de son appartement. Pour cette raison, on rechigne à interrompre cette conversation et l’on veut connaître tous les tenants et aboutissants de l’histoire.
Justine Lévy, à travers son roman, offre une plongée sans oxygène dans la détresse de Louise. Bien sûr, on pourra reprocher le côté très partial du récit, puisque les autres personnages n’ont pas voix au chapitre. Mais, en même temps, peut-on réellement être neutre quand on parle d’une rupture dont on a été la victime? Probablement que non. En même temps, l’écrivaine n’est pas non plus très tendre avec le personnage de Louise, présentée sous un jour peu flatteur et égocentrique.
Plus qu’une histoire de rupture dans un milieu mondain-bohème, «Rien de grave», c’est surtout l’histoire de la fragilité d’une jeune femme. Une fragilité qui va conduire cette dernière vers l’addiction aux amphétamines, petites pilules miracles qui lui construisent une carapace artificielle lui permettant de contenter ceux qu’elle aime, d’affronter ceux qu’elle déteste. Malgré sa brièveté, on trouve dans le roman plusieurs scènes émouvantes, notamment un dîner entre Louise et son père, un instant au summum du déchirement pour la jeune femme, un appel au secours qu’elle n’arrive pas à formuler.
En résumé, un récit simple, déchirant et une plongée dans la fragilité.
Justine Lévy, «Rien de grave», Paris: Éditions Le Livre de Poche, 2004, 220 pages.
Ça fait un petit moment que je veux lire ce livre mais j’hésite à me lancer à cause de son contenu autobiographique. Donc merci pour la chronique qui me donne vraiment envie de l’acheter 🙂
Perso, j’ai oublié le côté people pour ne voir que le personnage principal
Je ne connaissais pas du tout cet auteur ni sa vie remplie de people. Cependant ta chronique le donne envie de la découvrir.
Pareil, en faisant abstraction du côté people / voyeurisme de ce roman, j’ai été particulièrement sensible à ce récit.
Pour les « histoires de fesses et de coucheries », je suis larguée aussi. Plus sérieusement, j’entends beaucoup de bien des livres de Justine Lévy; il me faudra donc tenter.
Je suis également assez tentée par ces autres livres!
Merci pour cette recension qui me fait un peu changer d’avis sur Justine Lévy ! J’avais lu Mauvaise fille et peu apprécié, mon avis ici : https://femmesdelettres.wordpress.com/2016/11/12/hors-serie-n-4-hopitaux-et-maternites/
Plus généralement, votre blog est très chouette !
Merci pour le compliment! Je vais aller lire votre avis, car à part ce livre que l’on m’a offert je ne connais rien d’elle