Lettres à sa fille / Calamity Jane

Critique d’un micro-livre, «recueil» des lettres de la terrible Calamity Jane à sa fille abandonnée et surtout, critique d’une probable belle arnaque…

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Durant plusieurs années, la célèbre Calamity Jane écrit à sa fille, confiée à une famille de commerçants voyageurs, des lettres qu’elle ne lui enverra jamais, illustrant sa vie de figure iconique du Far-West, rebelle et décadente, mais aussi ses grands moments de solitude.

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Cette critique aurait pu s’intituler «Le jour où j’aurais dû réfréner mes ardeurs en librairie et où j’ai dégainé trop vite (le porte-monnaie)». Eh oui, parce que «Lettre à sa fille» de Martha Jane Cannary, alias Calamity Jane a atterri dans mes rayonnages à la suite d’une rapide virée dans ma librairie habituelle. Mauvais choix, cow-boy, mauvais choix…

J’ai débuté la lecture de ce recueil avec un grand enthousiasme, excitée à l’idée de découvrir l’intimité d’une des grandes figures mythiques de l’ouest américain. Mais, cet enthousiasme est vite retombé. Au fil des premières pages, difficile de pas ressentir un certain malaise face à cette lecture. On est tout d’abord surpris par l’écriture qui est très châtiée, plutôt étonnant et pas vraiment en rapport avec l’image que l’on se fait de Calamity Jane. Soit. Puis, on s’étonne qu’une personne apparemment nomade comme Calamity Jane transporte avec elle du matériel pour écrire. Bon, ce n’est pas à proprement parler impossible. Puis, arrive un passage où Calamity Jane partage des recettes de cuisine (!!!). A ce moment-là, ça devient trop bizarre et je dégaine Google plus vite que mon ombre; ce dernier m’inflige une belle gifle.

On m’apprend que ce recueil de lettres à toutes les chances d’être un immense fake. Tout d’abord, parce que Calamity Jane était probablement illettrée ou avec des compétences très limitées dans ce domaine, ce qui n’est pas rare à l’époque et est cohérent avec les origines sociales vraisemblablement modestes de Calamity Jane. De plus, certaines des dates présentes dans le recueil seraient fantaisistes et improbables. Apparemment, le manuscrit date bien de l’époque de Calamity Jane, mais il est probablement le résultat de la lubie d’une personne voulant se faire passer pour Calamity Jane. Ce dernier étant tombé dans les mains d’une femme, Jean McCormick, voulant faire le buzz. Bien sûr, il y a des tenants des deux versions. Mais ce qui est absolument scandaleux, c’est qu’à aucun moment l’édition que j’ai acheté ne mentionne qu’il y a un conflit sur l’authenticité de ces lettres. Un procédé tout de même malhonnête.

En résumé, un livre extrêmement court, sans intérêt littéraire et, s’il s’avère effectivement être le fruit d’affabulations, sans intérêt aucun.

Calamity Jane, «Lettres à sa fille», Paris:Éditions Rivages poche, 2014, 100 pages.

5 réflexions sur “Lettres à sa fille / Calamity Jane

  1. Je l’aurai acheté aussi juste au titre!

    C’est clairement de la malhonnêté intellectuelle de ne pas préciser le doute sur ses lettres, c’est assez hallucinant.

  2. Bonjour, Je suis en train de lire ces « lettres », et je partage en effet votre impression. Dès les premières pages, on a plus le sentiment de lire un conte écrit par une jeune fille de bonne famille que des lettre écrites par une personne telle que Calamity Jane. Il n’y a absolument aucun recul critique de la part de l’éditeur, ce qui est inadmissible.

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